[Derrière le miroir] Sarah Idrissi
Chaque année depuis 10 ans, l’École de Traduction Littéraire (ETL) accueille au sein de l’Asfored celles et ceux qui souhaitent vivre pleinement vivre l’aventure de la traduction. Nous nous sommes entretenus avec Sarah Idrissi, ancienne stagiaire de l’ETL.
Découvrez son témoignage.
Quelle est votre vision de la traduction ?
Étant quelqu’un qui a toujours aimé lire, c’est le fait de traduire le livre et le rendre accessible aux personnes qui ne parlent pas la langue dans laquelle il a été écrit. C’est un geste de transmission.
Racontez-nous votre parcours ...
C’est un élan assez naturel : je suis née dans une famille polyglotte. J’ai toujours été confrontée à d’autres langues et étant une personne très sociable, je me suis toujours amusée du fait que c’était possible de passer d’une langue à une autre. Lorsque je me suis posé la question de vers quelle carrière je voulais m’orienter, ça s’est imposé à moi. Par contre, j’ai mis longtemps à me décider à en faire mon métier principal. J’ai fait des études de traduction et après j’ai passé 10 ans à enseigner et à voyager un peu partout dans le monde avant de me dire « c’est parti », j’en fais mon travail à plein temps.
J’ai un parcours multiple : j’ai mené des études d’anglais et en parallèle des études d’art dramatique au conservatoire, et je suis partie aux États-Unis un an, dans le Tennessee, pour faire ma licence, et quand je suis revenue en France je me suis demandé si je voulais faire de la recherche ou de la traduction et je me suis dit que la traduction serait plus « fun », j’avais envie d’écrire, j’avais envie de créer, j’avais envie de faire quelque chose de pratique et concret. J’ai obtenu un Master de traduction à l’université d’Avignon, puis j’ai fait un autre Master à l’université de Portland en études francophones.
Une des anciennes professeures de l’université d’Avignon, elle-même traductrice, qui m’a dit de prendre contact avec Olivier Manoni pour lui poser mes questions et c’est ce que j’ai fait. J’avais envie de changer de voie professionnelle, j’avais un peu fait le tour dans l’enseignement secondaire, et l’ETL est arrivée au bon moment.
Qu’est-ce que l’ETL vous a apporté ?
L’EL m’a apporté plein de bonnes choses : les rencontres ont été très nourrissantes pendant cette année et ça continue de l’être, par exemple on est en train de préparer nos retrouvailles au Salon du livre de Paris puis prochainement pour fêter les dix ans de l’ETL.
En termes de professionnalisation, ça m’a vraiment donné confiance en moi. J’ai compris des choses notamment en termes de contrat, de fiscalité, de négociation, et de positionnement vis-à-vis du monde de l’édition et là j’accumule les exemples où je mets à profit ce que j’ai appris.
En termes de vision de la traduction, je me suis rendu compte qu’il y avait des gens incroyablement brillants dans le monde de la traduction, mais que personne ne semblait travailler exactement de la même manière, donc ça légitime aussi mes pratiques qui sont peut-être différentes de celles de mes collègues.
L’ETL, ce sont des graines que l’on plante et on n’arrête pas d’avoir des fleurs tout le temps !
Et maintenant, où en êtes-vous ?
Je suis sur deux gros projets : j’ai reçu une bourse du plan de politique culturelle (dite bourse émergente), qui vise à aider les auteurs et les autrices à se professionnaliser, et je suis en train de traduire un roman d’une autrice anglaise du XXème siècle. En parallèle, je suis en train de singer un contrat chez Robert Laffont pour la traduction d’un roman extraordinaire dont j’ai fait la lecture l’été dernier et qui s’est concrétisé par l’obtention d’une traduction. Concrètement, j’ai fait mon planning de traduction jusqu’au mois de décembre et je me mets à l’ouvrage tous les jours !
Quel est le projet qui vous a le plus marqué ?
Le projet qui m’a le plus marqué, ça a été ma toute première expérience de traduction en tant que « salariée ». Quand j’étais en Master à Avignon, j’ai eu la chance d’effectuer mon stage de fin d’études au Centre national des écritures du spectacle La Chartreuse et j’ai passé tout l’été, pendant le festival, à traduire des interventions de chercheurs et chercheuses vis-à-vis de la performance technique et c’était incroyable ! ça a été très nourrissant et ça m’a donné envie de devenir traductrice littéraire.
Je traduis de l’anglais au français, mais j’avais envie d’apprendre une autre langue et j’hésite entre l’arabe, l’allemand et le néerlandais.
Un dernier mot pour nos futurs stagiaires de l’ETL ?
Déjà : n’hésitez pas ! sinon, en termes de conseil pratique, de ne pas hésiter, de poser des questions pratiques sur l’activité professionnelle pour en discuter avec les collègues. Je me suis rendu compte qu’on arrive toujours à trouver une solution créative grâce aux expériences et aux pratiques de tout le monde. Je parle notamment de tout ce qui est administratif.
Quand j’ai décidé de faire l’ETL, je n’avais aucun financement, et aucune possibilité de financement, j’ai donc accepté toutes les propositions de travail qui arrivent à moi, ce qui va me servir à financer ma formation, et ça a fonctionné de manière presque « magique » ! Donc pour les personnes qui hésitent pour des questions d’argent, de financement, de débourser cette somme d’argent si ce n’est pas profitable, pour ma part ça l’a totalement été. Si c’est un frein, il ne faut pas hésiter.
Découvrez la vidéo de son interview en suivant ce lien.
Comme Sarah Idrissi, si vous souhaitez vous lancer dans la traduction, rejoignez l’ETL !
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